Un théâtre féministe avant l’heure
- adèle
- 27 nov. 2020
- 2 min de lecture
La pièce de 1879, Une maison de poupée de l’écrivain norvégien Henrik Ibsen se trouve être particulièrement progressiste. Nora, personnage principal de l’intrigue, est encore aujourd’hui une figure du féminisme et de l’indépendance des femmes. Elle incarne tout simplement une femme réifiée, objectivée et infantilisée, mais révoltée.
En effet, Nora Helmer est une jeune femme mariée dont la joie de vivre est communicative. Elle joue, rit, s’amuse et semble uniquement vouée à être comme une enfant, dépendant de Torvald Helmer qui se trouve être son mari. Nous rencontrons une femme naïve qui ment à tout le monde, et surtout à elle-même. Au fil de la pièce, elle dévoile son secret à son amie Kristine Linde, détentrice de son destin et qui la pousse à faire ce qu’elle n’ose pas faire, c’est-à-dire dévoiler la vérité à Torvald.
Henrik Ibsen met en avant une « mascarade », mot qu’emploie Nora elle-même pour parler à la fois de son mariage, du déguisement qu’elle porte à l’acte III, et du rôle qu’elle joue auprès de son mari. Il montre le caractère individualiste de cette femme qui jusqu’alors est particulièrement soumise à son entourage. Alors que la pièce est redondante et que l’avis de Nora n’avance pas, on observe un dénouement inattendu et extrêmement travaillé. Tel est pris qui croyait prendre… Torvald, qui pense du début à la fin être le maître de la situation, se trouve dépourvu de quelque pouvoir que ce soit et la situation se renverse entièrement.
Selon l’écrivain Georg Brandes, «Une littérature qui ne lance pas de débat, c’est une littérature qui est sur le point de perdre toute importance.» Ce qu’il dit est parfaitement illustré ici. En effet, durant tout le temps de la pièce, le lecteur se croit face à une simple scène domestique entre une femme soumise et un mari dominateur. On observe la progression de la divulgation du secret de Nora mais on n’en voit pas le but. C’est dans la fin que se trouve tout l’enjeu de la pièce, lorsque justement, Nora fait « tomber son costume de mascarade ». Elle prend cette décision immédiatement après que Torvald l’a rejeté alors qu’elle espérait qu’il la protège. C’est de cette manière que la femme naïve et sans caractère se transforme en une femme forte et autonome, indépendante et dominante. Cette image du couple détruit est d’autant plus mise en avant par le duo que forme Kristine et Krogstad, retrouvant tous deux un semblant de joie dans leur vie et allant peu à peu vers une certaine harmonie. A l’inverse, le couple de Nora et Torvald tangue progressivement au fil de l’histoire, pour finir par chavirer.
L’œuvre a été si radicalement progressiste que la polémique se trouvait tant dans la sphère publique par la critique que dans la sphère privée. En effet, on voyait dans les foyers des panneaux sur lesquels était écrit qu’il était interdit de parler de l’œuvre dans la maison. Une œuvre particulièrement intéressante, à lire et à relire, à voir et à revoir !
En attendant, allez vous faire cultiver ! ;)
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